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 La Flemme de Dranigba

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Gorn Valim




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MessageSujet: La Flemme de Dranigba   La Flemme de Dranigba EmptySam 30 Déc - 21:16

Argelas, 30e jour de Deficos, 1237

Une journée comme les autres, à Argelas. Malgré le temps pluvieux qui transforme la neige en boue glissante, les rues sont encombrées d'aventuriers, armés de pied en cap et prêts à en découdre entre eux. Des files d'attente s'étendent devant les arènes, et les tavernes bondées résonnent des cris d'enthousiasme des spectateurs, des parieurs, ou des simples touristes occupés à boire des litres de boisson pourpre chaude.

Argelas, la ville des activités sportives de Vesperae, ne se repose pas durant les fêtes de Lanjis.

Au milieu de cette activité, un petit groupe de chevaliers est en train de mener une grande et formidable quête, loin, pour une fois, des contrées sauvages et reculées où ils se perdent souvent.

Il y a là Gorn Valim, en qualité de lieutenant, bien qu'il s'efforce en général de fuir ses responsabilités de haut gradé. Avec lui, Blacksword et Arsestar, deux preux chevaliers ; l'un a fière allure, armé d'une épée magique, de toute apparence ; l'autre n'est autre que le fils (l'un des fils ?) de la Sorcière de la guilde. Le trio est conduit à travers les rues tortueuses d'Argelas par un vieillard aux épaules chargées d'un manteau élimé, bien qu'il soit chevalier lui aussi : un chevalier du nom de Grigore.

Le petit groupe s'arrête devant une maison à la façade décrépite. Grigore se retourne vers les trois jeunes hommes qui le suivent.


Grigore - Ben voilà, c'est là quoi.

Gorn Valim - Tu es sûr ? Cette maison n'a rien de particulier.

Grigore - Quoi ?!! Tu m'crois pas ? *tousse* Le mieux, c'est qu'on y aille voir.

Blacksword - Et si c'était un piège ?

Arsestar - On aurait dû venir à 200... Là, à 4, on n'est pas très impressionnants.

Le chevalier à l'armure jaune s'avance, peu sûr de lui.

Arsestar - Bonne chance, hein ! Euh... Tu nous raconteras !

Le lieutenant frappe trois coups à la porte.

Gorn Valim - Personne. Allez on rentre.

Il se détourne, et la porte s'ouvre soudain. Gorn s'arrête. Les quatre chevaliers regardent la créature qui vient d'ouvrir, qui portant la main à la garde de son épée, qui préparant mentalement un sort offensif, qui ajustant son dentier. Sur le seuil de la porte, un horrible humanoïde puant regarde les chevaliers, le visage tordu dans ce qui pourrait être un sourire. Sa peau verte est encombrée de pustules rosâtres, et des cheveux filandreux dégoulinent de chaque côté de la tête. Ses yeux vitreux sécrètent une humeur blanchâtre, et l'odeur qu'elle dégage est insupportable.

Blacksword - Un Orc !!!

Arsestar - À l'attaque !!

Gorn Valim - Taïaut !!!

Grigore - Attendez ! Mais attendez !!

La créature garde un œil inexpressif sur les trois chevaliers qui lui foncent dessus.

La créature - Vlous m'voulez coâ ?

Aussitôt, les attaquants se calment et rangent leurs épées.

Gorn Valim - Excusez-nous, on s'est trompés.

Arsestar - Oui, grave méprise.

Blacksword - On aurait pu vous faire mal.

Grigore - Mais vous n'comprenez rin, scroneuneu ! C'est elle qu'on vient voir !!

Gorn Valim - Elle ?!!

La créature - Oui. Fle fuis Fléraldine.

La créature semble avoir un défaut de prononciation.

Grigore - *toussote* M'dame Fléraldine, vous me reconnaissez ? C'est moi, Grigore l'ermite.

Fléraldine - Fl'est que... Fle vlois plus très cléïre, coâ. Mais ve me rappelle, oui, du Grigore. Flous êtes là pour la flemme ?

Gorn Valim - La quoi ?

Fléraldine - La flemme. Fl'est une pierre préflieuve que vl'ai trouvlé un vlour qu'elle est r'montée dans ma baignoâre. Vle m'étlais endormie dans mon bain, coâ, et quand v'me fuis révleillée, v'l'a-t-y pâs qu'y avlait une flemme qui flottait dans la mouffe. V'l'oulais l'emm'ner au Temple pour la flaire identifler, mais vl'ai eu la flemme.

Gorn Valim - Je comprends rien à ce qu'elle me raconte. Quelqu'un peut traduire ? Pouah, l'odeur est insupportable.

Fléraldine - Vlous n'êtes pâs très galant, vleune homme.

Grigore - Vous avez dit que vous vouliez revendre c'te gemme, M'dame Fléraldine.

Fléraldine - Il y a un coâ.

Gorn Valim - Un coâ ?

Fléraldine - Un coâ.

Gorn Valim - Bon, j'en ai marre, on rentre à Trigorn ?

Arsestar - Je crois qu'elle veut dire : il y a un hic.

Grigore - *à Fléraldine* Comment ça, un hic ? Tu vas nous la donner ta gemme oui ?

Fléraldine - Fl'est que... Elle est retomblée dans la tuyauterie. Coâ.

...

Gorn Valim - Bon, au revoir madame, excusez-nous de...

Grigore arrête le chevalier d'un geste.

Grigore - Tu n'comprends pas ? C'est très important ! J'ai entendu parler de ces gemmes... Il y en aurait plusieurs saupoudrées un peu partout sur Vesperae. Et que ça aurait à voir avec un groupe eud'démons qu'auraient débarqué près d'Naep. Et des troubles au sud.

Gorn Valim - Mais puisque Madame a perdu sa verroterie dans la tuyauterie ?!!

Grigore - Je ne sais pas. P'tet' ben qu'c'est 'core coincé quèque part...

Blacksword - Je suis du même avis que le vieux. Si ces gemmes du pouvoir ont une telle importance... Et s'il y en a une dans cette maison... Je propose qu'on se mette à sa recherche.

Gorn Valim - Mais ça peut prendre des jours !

Arsestar - Bah, on n'est pas pressés... Ça changera de nos activités habituelles, qui consistent à massacrer du monstre à tours de bras. T'es le premier à râler qu'on fait toujours la même chose, d'ailleurs, Gorn.

Gorn Valim - Bon, bon...

Il se tourne vers Fléraldine, la regardant avec répugnance.

Gorn Valim - Vous avez des chambres d'amis ?

Fléraldine - Oui, mais elles ne flont pas très plopes, coâ...

Gorn Valim - Le contraire m'eût étonné... Pourquoi ? Vous n'avez pas le temps de nettoyer ? Vous devriez d'ailleurs prendre un peu soin de vous, soit dit sans vous offenser...

Fléraldine - Du temps ? Fli, vl'en ai. Fl'est vuste que... v'ai la flemme.

Gorn Valim - Eh bien, chers chevaliers... Nous avons notre première quête à accomplir, avant même de trouver la gemme...

Les chevaliers s'entre-regardent. Fléraldine comprend la fine allusion quand ils se précipitent à 4 sur elle et se mettent à faire couler un bain.
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Gorn Valim




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MessageSujet: La clé des égoûts   La Flemme de Dranigba EmptyMer 3 Jan - 13:17

LA CLÉ DES ÉGOÛTS



Argelas, 1er jour de Sanfio, 1238

Le bureau du maire était éclairé par la lumière du soleil de Lanjis, signe de l'inconstance du climat qui baignait Vesperae. Il avait plu sans discontinuer, depuis que le soleil s'était levé pour la première fois en cette année 1238. À présent, le temps semblait se reposer, et les habitués des arènes, qui avaient passé le réveillon en se tapant dessus, profitaient de l'accalmie pour prendre l'air, les traits tirés, la tête embrumée, l'index de la main gauche fatigué.

Entre deux armoires qui croulaient sous le poids de trophées rutilants, le maire, encore coiffé d'un chapeau conique vert fluo, était avachi sur son fauteuil en peau de lézard. Il se grattait les escouades de poils qui envahissaient le champ de bataille de son menton grassouillet, tout en considérant d'un œil perplexe quoiqu'un peu vitreux les quatre énergumènes assis en face de lui : un vieillard aux épaules carrées, un chevalier en armure jaune, un troll énorme, et un autre guerrier qui montait la garde à l'entrée.

Le maire s'adressa alors au chevalier jaune.


Maire d'Argelas - C'est absolument hors de question. Il faudra me passer sur le corps. Je me défendrai avec la dernière des énergies. Jamais, je dis bien jamais, je ne vous livrerai les clés des égoûts d'Argelas.

Le troll se racla la gorge et se leva à demi.

Maire d'Argelas - Bon d'accord. Les voilà. *soupir*

Grigore - Merci. *au troll* Tu peux te rasseoir, mon ami.

Troll - Schlagvuck.

Gorn Valim - Bon, eh bien on va pas vous déranger plus longtemps...

Les chevaliers se levèrent dans un bel ensemble chevaleresque et firent mine de partir.

Maire d'Argelas - Attendez !...

Les quatre compagnons se retournèrent, toisant le petit maire qui était resté assis sur son fauteuil.

Maire d'Argelas - Je vous préviens, si je vous laisse cette clé, c'est uniquement sous la menace et parce que je sais que vous n'hésiteriez pas à mettre la ville à feu et à sang pour parvenir à vos fins. On vous connaît, vous savez... Vos réputeurs sont, euh, réputés. On dit même que vous comptez des PKs dans vos rangs, et aussi des démons.

Gorn Valim - Oui, notre groupe est assez éclectique...

Maire d'Argelas - Alors, je vous en conjure : pas de remue-ménage. Trouvez votre gemme, ou je ne sais quoi, et disparaissez. Je ne veux pas que vous fassiez le moindre mal à Argelas - du moins tant que je serai maire. Argelas est une ville qui déteste les effusions de sang. Hors des arènes, je veux dire. Les arènes, comprenez-vous, constituent le meilleur moyen de juguler la violence qui bouillonne dans les esprits de nos jeunes concitoyens - car, oserai-je vous le rappeler, les meilleurs réputeurs, sous leurs heaumes impressionnants, n'ont pas encore de poil au menton. Donc : du calme, de l'organisation, de la discrétion. Qu'Argelas reste une ville paisible, que les touristes aient le loisir de la visiter en toute quiétude, sans craindre de heurter un chevalier ivre au coin d'une rue. J'espère m'être bien fait comprendre.

Gorn Valim - Oui, oui...

----------

Dans les rues d'Argelas, les chevaliers couraient en tous sens, retournaient les étalages des marchands, fouillaient les aventuriers de passage, descellaient les pavés des rues, regardaient par les trous des serrures, plongeaient le bras dans les tonneaux destinés à recueillir l'eau de pluie. Un jeune couple avait aperçu une sorte de chien-loup ailé sous sa couette, occupé à renifler le matelas. Deux tiny's ivres chantaient des chansons lourdes de sous-entendus relatifs à l'entrejambe dans la salle enfumée d'une proche taverne. Un démon accompagné d'un écureuil impressionnant faisait les poches des duellistes rassemblés devant l'arène 1-10. Un humanoïde de petite taille se moquait des membres d'une équipe de blobball à coups de rimes assassines. Un elfe interrogeait les PNJs avec brutalité. Et de nombreux chevaliers exploraient Argelas de fond en comble, affichant des mines patibulaires. Ils avaient fière allure, avec leurs armures dont le métal rutilant disparaissait sous la boue du voyage ! Nul n'osait les contrarier, et pourtant ils ne se montraient guère belliqueux.

Car ces chevaliers étaient venus de loin afin de trouver la gemme perdue par Fléraldine. La femme-grenouille (maintenant récurée de la tête aux pieds), avait bel et bien laissé tomber la pierre dans le trou du lavabo.

Et au plus profond des égoûts, auxquels ils avaient accédé grâce à la clé du maire, Gorn, Grigore et Blacksword étaient à la recherche de la pierre précieuse.

En compagnie du troll (qu'il surveillait du coin de l'œil), le chevalier-poussin barbotait gaiement dans les eaux fangeuses des égoûts. Il sentait en frissonnant d'étranges remous contre ses jambes, et il essayait de ne pas penser aux créatures qui devaient peupler ces bas-fonds pourtant soigneusement entretenus par une armada de prisonniers (Argelas n'avait aucune pitié pour les tricheurs).


Troll - Ash-guzl.

Gorn Valim - Et maintenant, qu'est-ce qu'il dit ?

Grigore - Il dit, "ça chatouille".

Le vieux barbare était planté sur une corniche qui courait le long du mur, au sec, sa robe d'ermite relevée au-dessus de ses genoux osseux.

Gorn Valim - Je déteste les égoûts. Ya toujours des trucs pas clairs là-dessous. Je me suis autrefois retrouvé dans ceux de Trigorn, ben c'était moche.

Avec une grimace de dégoût, Gorn plongea ses mains soigneusement gantées dans le liquide nauséabond qui lui arrivait à la ceinture.

Gorn Valim - Beurk. On cherche quoi, au juste ? Elle ressemble à quoi, la "Flemme" ?

Grigore - Fléraldine m'a dit que c'était un machin rond et rose, assez petit.

Gorn Valim - Ah ben on n'est pas sortis de l'auberge. J'espère que Blacksword aura plus de chances...

---------------

Blacksword, le chevalier en question, était juché sur le tas d'immondices qui s'était rassemblé contre la grille de sortie du réseau des égoûts d'Argelas. D'un air découragé, il suivait des yeux l'eau saumâtre qui sortait des égoûts. Le ruisseau malodorant, soigneusement canalisé, rejoignait quelques dizaines de mètres plus loin un petit cours d'eau qui s'éloignait vers l'ouest.
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Blacksword




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MessageSujet: Dans les égoûts.   La Flemme de Dranigba EmptyMar 9 Jan - 15:10

Dans les égoûts.


Blacksword, qui se trouvait en ce moment dans les égoûts, recherchait une gemme du nom de "flemme de Dranigba". Elle était importante pour lui et ses compagnons s'ils devaient se battre pour des territoires. Le chevalier suintait, et ses habits portaient beaucoup de crasses. Il fouillait inlassablement dans les imondices pour retrouver cette gemme. Il trouva soudain un étrange objet qui brillait, mais il vit que ce n'étaitt pas du tout la description qu'elle portait.


"Rhaaaa, je ne vais donc pas réussir à la trouver !"

Blacksword se reposa quelques instants sur le tas de saletés. Il réfléchit un instant, mais ne trouva aucune idée pour la retrouver. Blacksword décida donc qu'il était temps de revenir vers ses compagnons...
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Gorn Valim




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MessageSujet: On f'rait pas ça demain, plutôt ?   La Flemme de Dranigba EmptyVen 9 Fév - 21:27

(désolé pour le retard Embarassed...)


ON F'RAIT PAS ÇA DEMAIN, PLUTÔT ?



Argelas, 20e jour de Sanfio, 1238

Grande réunion au QG temporaire des Derniers Chevaliers ! L'une des plus grandes guildes de Vesperae était, ce jour-là, en pleine concertation.

Fléraldine - Fl'est fla, fletez-vlous des fleurs en plus !

L'une des plus grandes guildes en nombre de membres, donc. La salle à manger de la femme-grenouille était pleine à craquer de chevaliers. Certes, ils n'étaient que quatre, mais, à vrai dire, la salle à manger était très petite.

Que faisaient donc les 250 autres chevaliers ? Eh bien, ils vaquaient à leurs occupations aux quatre coins de Vesperae, ou faisaient les quatre-cents coups en ville. Argelas avait été secouée ces derniers temps par quelques troubles : une guerre était en cours, impliquant l'Empire, à l'est. Personne ne savait grand-chose de ce conflit, et Gorn, qui avait vaguement entendu parler de l'Empire, avait du mal à comprendre ce qui se tramait. La population d'Argelas avait été inquiétée par une poignée de démons et d'elfes noirs, mais ceux-ci n'avaient pas insisté, préférant garder leurs forces pour l'assaut contre la lointaine et mystérieuse Bélériand.

Et puis, c'était bien connu, les Derniers Chevaliers se fichaient complètement de ce qui se passait à l'extérieur de leur guilde.


Gorn Valim - Bon, vous le savez sans doute, les recherches dans les égoûts n'ont rien donné. La gemme est introuvable. Je suis d'avis d'abandonner cette histoire ridicule.

Grigore - Mais puisque je vous ai dit que ce joyau était d'une grande puissance ! On pourrait dev'nir riches ! Euh, j'veux dire... Imaginez qu'elle tombe en de mauvaises mains...

Blacksword - Je crois que j'ai une idée.

Gorn Valim - Mm ?

Blacksword déplia une carte des environs sur la table encore tachée de la sauce du repas récent.

Blacksword - Comme la gemme, d'après Grigore, est toute petite, elle a très bien pu être engloutie dans les eaux usées et évacuées par les égoûts... Regardez : les égoûts débouchent ici. Les eaux usées rejoignent une rivière par là. *montre un point sur la carte* Et la rivière débouche sur ce petit lac.

Gorn Valim - Ce petit lac ? Mais attends voir... C'est le lac près de laquelle des monstres batifolent impunément, parce que la barge est impraticable ! Il faudrait que nous allions voir, en effet...

Grigore - Je suis pour ! Mon troll a faim, et les collines sont pleines de poulets, paraît-il.

Gorn Valim - Et toi, Zangdar, qu'en dis-tu ?

Un chevalier, recrue relativement récente, était adossé sur la chaise la moins branlante de la salle à manger. Il s'agissait d'un elfe, mage quand on le poussait à bout et poète à ses heures perdues. Mais pour l'heure, il dormait à poings fermés.

Zangdar - ZZZZZZZZZZZ !

Gorn Valim - Euh... Ho ho !

Zangdar - *se réveille, les yeux vitreux* Mmm ?

Grigore - Ahhh, ces jeunes ! Toujours à pioncer en cours.

Zangdar - Euh... Pardonnez-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris... Tout d'un coup j'ai eu envie de dormir...

Blacksword - Hum ! Hum ! On y va quand, alors ? Maintenant ?

Gorn Valim - Euh... C'est que... Aujourd'hui ça va être chaud... Demain, plutôt, non ?

Grigore - Oui, demain...

Zangdar - Oui, c'est mieux...

Blacksword - OK.

Les chevaliers se séparèrent. Blacksword partit dans sa chambre pour se reposer en vue de la bataille le lendemain. Gorn se rendit en ville pour boire de la boisson pourpre. Zangdar alla faire un tour sur le forum, quant à Grigore, il passa la soirée à apprendre le poker à son troll.

Et évidemment, c'est Fléraldine se chargea de la vaisselle.



Collines à l'ouest d'Argelas, Ganis 21 Sanfio 1238 - Le lendemain

Un vent doux venu de l'ouest soufflait mollement sur les collines enneigées. Gorn Valim avait battu le rappel de ses troupes, et c'est donc une armée de quatre chevaliers qui se dressait fièrement au sommet d'un tumulus plus haut que les autres. En contrebas, une rivière avançait paresseusement vers le petit lac de l'ouest.

Les vallons étaient déserts. Au milieu de l'un d'eux, la boutique d'articles de luxe était fermée - pour cause d'inventaire avant la dernière démarque des soldes.


Blacksword - C'est drôlement calme.

Grigore - OHÉÉÉ !!!! Y a personne ?

Et c'est à ce moment qu'apparut un loup sauvage.

Grigore - Tiens, si.

Gorn Valim - Hé bien, voilà à manger pour ton troll...

Grigore - L'est pas là.

Gorn Valim - Bé où est-il ?

Grigore - Malade. Surmenage. C'est le poker d'hier.

Blacksword - Bon, on le tue ce loup ?

Zangdar - Faudrait pas gaspiller une expérience facilement gagnée...

Les deux chevaliers sortirent leurs épées et mirent le loup en charpie.

Le silence glacial revint après le bref combat.


Blacksword - Bon, on fait quoi maintenant ?

Zangdar - *bâille* Je sais pas c'que j'ai, j'ai envie de rien faire, moi, aujourd'hui...

Gorn Valim - Hé bien... On pourrait commencer les recherches, non ?

Grigore - *soupire* On ferait pas plutôt ça demain ? Il caille, là.

Gorn Valim - Ouais.

Le chevalier jaune regardait les collines d'un air pensif.

Blacksword - Eh bien ? T'as pas l'air dans ton assiette...

Gorn Valim - C'est que... Je me rappelle les débuts de la guilde. Avant d'avoir une maison à Trigorn. Nous vivions dans un camp de fortune, pas loin d'ici, dans cette même zone. Nous étions une petite cinquantaine, à l'époque, ça paraît loin... Et on nous a attaqués. Il y a eu une bataille, ici. On a su après qu'il s'agissait de brigands et de bandits, des meurtriers sans foi ni loi qui, d'après les prisonniers qu'on a interrogés, avaient eu une "vision" de Demonio. Le dieu de la souffrance et du meurtre leur avait ordonné de nous attaquer. C'était il y a un an et demi et ça avait été une grande victoire... même si nous avions subi quelques pertes. Je crois bien que c'était la première bataille à laquelle je me suis retrouvé mêlé.

Zangdar - Tu deviens nostalgique, toi ?

Gorn Valim - *secoue la tête* Je ne sais pas. C'est bizarre, je suis passé plusieurs fois par ici sans jamais avoir ressenti cela. J'avais presque oublié tout ça, à vrai dire. J'avais presque oublié qu'on avait bien changé.

Grigore - C'est les pouvoirs de la gemme ! C'est sûr !

Gorn Valim - Mouais. Ta gemme, j'y croirai quand je la verrai. En attendant, on monte le camp ? On a une flopée de pages, dans la guilde, faut bien qu'ils servent à quelque chose...


(d'après un texte original de Blacksword)
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Gorn Valim




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MessageSujet: Faut pas brusquer les Derniers Chevaliers   La Flemme de Dranigba EmptyDim 25 Fév - 18:51

FAUT PAS BRUSQUER LES DERNIERS CHEVALIERS



Fortin des Derniers Chevaliers, 17e jour d'Arisis, 1238

Fléraldine la grenouille réchauffait ses doigts palmés devant un bon feu, au centre de la pièce commune des Derniers Chevaliers. On avait beau dire que la chevalerie était essentiellement composée de brigands en armure fortement portés sur la boisson pourpre, ils savaient quand même y faire pour construire un camp militaire. Les murs en bois calfeutrés d'argile n'étaient certes pas suffisants pour arrêter les rigueurs de Lanjis, ils étaient néanmoins solides.

La zone était plus calme, à présent. Les démons ne menaçaient plus Argelas, et avaient déplacé leurs incursions vers la capitale de l'Empire. Les collines étaient redevenues le théâtre relativement paisible du passage régulier de réputeurs acharnés, en route vers les arènes situées aux environs. Fléraldine se languissait de sa modeste masure, là-bas en ville. Mais elle n'avait pas eu le choix : les Derniers Chevaliers pouvaient se montrer persuasifs, surtout avec une épée à deux mains Spawn. Elle maudissait le jour où elle avait parlé de l'existence de la gemme à ce Grigore ! Le vieillard semblait inoffensif. Qui aurait deviné qu'il allait ameuter plus de deux cents chevaliers à la recherche de son trésor ?

Allons, voilà qu'elle appelait "trésor" une babiole dont elle voulait justement, à l'époque, se débarrasser. Mais voilà ! Il suffisait de ne plus avoir un objet en sa possession pour soudain lui trouver une utilité.

La Gemme aurait pu faire un joli presse-papiers.


Gorn Valim - Pouf, pouf...

Le chevalier, vêtu d'une armure Valor cabossée toute moche, fit irruption dans la salle commune, ouvrant grand la porte en bois qui raclait le sol. Le courant d'air qui s'insinua dans la pièce fit vaciller les flammes du feu. Les deux pages chargés de l'entretenir levèrent la tête, les yeux bouffis de sommeil, envieux de ne pas perdre une miette de ce qui venait interrompre leur ennui.

Gorn Valim - Pouf pouf, donc... La peste soit de ces armures encombrantes, on fait pas trois pas qu'on sue comme un porc ! Au sens propre, par les temps qui courent. Je regrette mon armure jaune.

Fléraldine considérait le chevalier d'un œil neutre. Elle n'avait jamais été particulièrement expressive, et qui plus est elle avait renoncé à chercher à comprendre le lieutenant Gorn Valim.

Gorn Valim - Dame Fléraldine, je viens vous demander de venir... On a besoin de vous.

Fléraldine - Blesoin de moâ ? *plisse les yeux* Attention, vleune homme, si vlous vloulez m'emmener derrière un ârbluste pour abluser de moâ...

Gorn Valim - Euh... Non, telle n'était pas mon intention, gente dame. C'est juste que... On a trouvé la gemme.


Lac au nord-ouest des collines

D'un coup de pouce ganté, Blacksword essuya la gemme des restes de vase. En fouillant courageusement le fond du lac, le chevalier avait enfin découvert ce que lui-même et sa guilde cherchaient depuis bientôt deux mois.

L'objet en question ne payait pas de mine. Il s'agissait d'une perle de bonne taille, qu'on pouvait tout juste cacher dans sa main en serrant le poing. La pierre était rose translucide, et avait l'air d'être en toc. Curieusement, il était difficile de déterminer ce qui donnait à la pierre les apparences d'une contrefaçon vulgaire. Sa couleur ? Sa texture ? Sa grosseur ?

Blacksword était déçu. C'était donc ça, la fameuse gemme qui, selon les dires de Grigore, recelait des pouvoirs extraordinaires ? Il s'était attendu à ce qu'une lueur magique brille au sein de la pierre... Mais non, rien, pas même le moindre picotement à son contact.

Non, tout ce qu'il ressentait, c'était une grande lassitude. Lassitude d'avoir passé tant de temps à retourner Argelas et ses environs dans l'unique but de trouver un gros caillou. Peut-être la pierre pouvait-elle être vendue à bon prix ? Voilà qui serait susceptible de faire progresser la guilde dans le classement or, après tout.

Zangdar, l'elfe barbu (oui, ça arrive), enroulait soigneusement la corde qui avait permis à Blacksword de s'aventurer jusqu'au milieu du lac, quand il aperçut deux silhouettes s'approcher. Il s'agissait de Gorn et de Fléraldine.


Zangdar - Quelle barbe, les v'là déjà.

Gorn Valim - *fait des grands signes* Youhou !!!

Blacksword se dirigea vers les deux silhouettes et présenta la gemme à Fléraldine.

Blacksword - Alors, c'est ça ?

Fléraldine - Vloui. C'est la Flemme. Bon, maintenant f'peux rentrer flez moâ ?


Carrefour au nord du Palais, 18e jour d'Arisis, 1238 - 4h02

Gorn soufflait sur ses doigts. La nuit était encore sombre, et l'herbe craquait sous ses bottes fatiguées. Par Danava, que Lanjis semblait long, cette année ! Gorn maudissait le voleur de son armure de cuir jaune, car celle-ci le protégeait d'un adversaire bien plus féroce que le démon le plus puissant ou le boss de fin de niveau le plus enquiquinant. Le chevalier avait passé tant de temps dans cette armure qu'il avait oublié cette sensation. Le froid intense semblait cristalliser sa chair et mordre ses os. Il avait beau taper du pied, souffler bruyamment, se frapper les côtes, patrouiller en courant, rien n'y faisait. Il ne sentait plus le bout de ses pieds, glacés et mouillés, c'était d'ailleurs miracle qu'il tînt encore debout. Plus que tout, il rêvait d'un bon feu. Et il regrettait de n'avoir pas pris l'épaisse écharpe de laine que son épouse Polgara lui avait conseillé d'emmener.

Bref, il se demandait ce qu'il faisait là. Qui donc avait eu l'idée d'organiser des patrouilles aux alentours de ce carrefour passant ? Certes, c'était sûrement utile pour prévenir un assaut éventuel contre le fortin des collines, à l'est, mais les Derniers Chevaliers n'avaient pas d'ennemis. Qui donc les aurait attaqués ? Ils n'étaient qu'une guilde parmi tant d'autres. Gorn avait bien essuyé deux attaques de PKs qui revenaient de soirée, mais ces bandits n'étaient pas rares dans ce coin - c'était d'ailleurs pour cette raison que Gorn s'était porté volontaire pour le tour de garde du petit matin, au moment où il n'y avait personne.

À l'est, le ciel s'éclaircissait petit à petit, prenant une teinte grisâtre qui se confondait avec les étendues gelées. Tournant le dos à ce spectacle, Gorn vit alors, au loin, à l'ouest, un étrange cortège.

Une dizaine de paysans, emmitoufflés dans une laine épaisse, le visage rougi par le froid et l'effort, étaient occupés à pousser deux immenses charrettes elles-mêmes tirées par des bœufs. Brinquebalant, les essieux grinçant, les charrettes étaient pleines de marchandises diverses qui tressautaient à chaque ornière.

Gorn s'approcha, toujours grelottant. Il avait reconnu une expression familière sur les visages des paysans. Une expression de terreur.


Gorn Valim - Ho là, paysans ! Arrêtez-vous ! Contrôle d'identité !

Il disait toujours ça pour arrêter les gens, il ne savait pas pourquoi mais il trouvait que ça en jetait.

Une femme se détacha du groupe et s'approcha du chevalier transi de froid. Elle semblait vexée.


Paysanne - Elle est raide celle-là ! "Paysans" ! Et puis quoi, encore ? Loqueteux ? Manants ? Noobs ?

Gorn Valim - Euh... Vous n'êtes pas des paysans ?

Paysanne - Que nenni, soldat. Nous sommes d'honnêtes bourgeois d'Eleven Snake. Enfin, étions.

Gorn Valim - Honnêtes bourgeois ?

Honnête bourgeoise - Quoi ? Ça vous épate ? Vous êtes gauchiste, peut-être ? Et militaire, pourtant, à en croire votre armure Valor cabossée.

Gorn Valim - Oui, bon, ça va, c'est juste que je m'étonne : les routes sont d'ordinaire parcourues par des serfs, des brigands et des soldats... Et sachez que, hem *se redresse* je ne suis point un simple soldat, ma dame. Je suis chevalier. Seigneur chevalier, même.

Honnête bourgeoise - Ah oui ? *reniflement méprisant* Alors, qu'est-ce que vous foutez là ? Ne devez-vous pas défendre la veuve et l'orphelin ? Je suis veuve, vous savez ? Vous devriez aller voir à Eleven Snake ce qui se passe.

Gorn Valim - Non merci, j'ai déjà mon épée Cataclysme, elle prend la poussière dans un tiroir.

Honnête bourgeoise - Je ne parle pas de ça ! Vous avez déjà entendu parler des Taïka ?

Gorn Valim - C'est quoi ? Un groupe de saltimbanques ?

Honnête bourgeoise - Non ! Ce sont... des démons !!!

Un corbeau croassa au loin, dans le silence qui préludait à l'aube.

Gorn Valim - Ça alors. Des démons. Dingue comme ça pullule ces choses-là.

Honnête bourgeoise - C'est ça, faites le fanfarron. On va voir où sera votre fierté quand vous serez entouré par des dizaines d'entre eux. Ne savez-vous pas que les Taïka ont débarqué près de Naep et ont mis le village à feu et à sang ?

Gorn Valim - Ah bon ? Mais j'y étais encore récemment et j'ai rien vu !? Dites, faut pas croire tout ce qu'on raconte dans les journaux...

Honnête bourgeoise - Principe de précaution ! On dit qu'ils se rapprochent d'Eleven Snake. Alors, j'ai pris toute ma famille, et cassos !

Ce disant elle montrait d'un geste du bras les gens qui continuaient à pousser la charrette. Ils avaient tout l'air d'une famille bourgeoise, effectivement. Plusieurs enfants en bas âge, des personnes âgées et des domestiques composaient la petite troupe.

Gorn Valim - Vous êtes la chef de famille ?

La femme baissa la tête lentement, et tristement.

Honnête bourgeoise - Mon mari a été assassiné. Poignardé. Dans sa propre maison. *relève la tête* Les temps sont durs, vous savez, pour les honnêtes PNJ.

Gorn Valim - Je compatis... Ecoutez, je vais aller me renseigner, au sujet de ces Taïka.

Honnête bourgeoise - Vous allez à Naep ?

Gorn Valim - Euh, non, *soupire* c'est trop loin. Mais je connais une taverne toute proche où on peut avoir des informations de première main !

La femme regarda Gorn de haut en bas, d'un air méprisant.

Honnête bourgeoise - Mouais. Vous êtes bien un chevalier, vous. Ya pas de doute.
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Gorn Valim




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MessageSujet: Re: La Flemme de Dranigba   La Flemme de Dranigba EmptyVen 6 Avr - 14:15

LES DÉMONS SONT MÉCHANTS



Fortin des Derniers Chevaliers, 18e jour d'Arisis, 1238


Blacksword posa la perle rose sur la table en bois dur. Il releva la tête, et regarda intensément les chevaliers présents.

Blacksword - Voilà : Gorn a dit qu'il fallait quelqu'un pour surveiller la gemme, la garder sur lui et la protéger au péril de sa vie. Qui est volontaire ?

Soudain, les chevaliers s'intéressèrent aux poutres du plafond, aux mouches bourdonnantes, à leurs solerets, à leurs boucles de ceinturon, au sol recouvert de paille sèche.

Blacksword - Bon. J'ai compris. Je me dévoue...


---


Eleven Snake, 18e jour d'Arisis, 1238

-GROIIIIK-

Non, il ne s'agissait pas d'un cochon, bien qu'ils pullulaient dans les environs, victimes des maléfices d'une sorcière boulimique.

Morvain et Gaudred auraient pu, eux aussi, goûter aux joies de la cochonnaille. Mais, de par leur emploi de PNJ, gardes d'Eleven Snake, ils étaient en poste à Trigorn. Et les déserteurs étaient sévèrement punis. La hiérarchie militaire ne plaisantait pas, à Eleven Snake. Donc, pas question d'aller faire un tour sur les quais de la ville portuaire, distante de quelques jours de marche, et d'expérimenter de nouveaux atours de jambons.


-GROIIIIIIIK-

Le ciel était chargé, ce soir-là, et de sombres nuages occultaient le disque argenté d'Amarante. La nuit était lugubre et froide, et la nature silencieuse.

-GROIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIK-

Gaudred - Je sais pas ce que j'ai... Je crois que j'ai un truc qui passe pas...

Morvain - Ouais, moi aussi j'me sens balonné... T'as mangé quoi à la cantoche ?

Gaudred - Je sais pas. C'était bleu, gras et ça faisait floc floc.

Morvain - Mmm... ça doit pas être ça, alors. Moi c'était vert avec des poils, et ça faisait couic quand on y plantait la fourchette.

-GROIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIK-

Gaudred - Oh là là ça va pas du tout... Ecoute, j'vais me soulager les intestins, là, ça va pu...

Morvain - Traîne pas trop, hein... J'ai peur, ici, tout seul...

Gaudred disparut dans les fourrés au bord de la route qui menait aux dangereuses plaines de Naep. Quant à Morvain, il se plaça au milieu du pont, la hallebarde dressée. Les sens aux aguets, il surveillait la plaine, à l'ouest. Cela faisait longtemps que le pont n'avait pas essuyé d'attaque d'insectes mutants. Quant aux lézards, ils se tenaient tranquilles, d'ordinaire. Mais ce soir-là, Morvain avait un mauvais pressentiment.

-GROIIIIK-

Allons bon. Voilà que c'était son propre estomac qui, maintenant, faisait des siennes.

Les collègues n'allaient pas mieux... En réalité, lui et Gaudred avaient été appelés d'urgence pour surveiller le pont de l'entrée occidentale de la ville. Car les deux gardes qui devaient être en poste ce soir-là avaient dû se rendre à l'infirmerie de toute urgence. Pour indisposition, d'après les guérisseurs. Une étrange épidémie frappait la garnison, et seuls lui et Gaudred étaient à peu près valides. Mais, à présent, la nausée s'emparait d'eux à leur tour.


-GROIIIIIIIIIIIIK-

Les pensées de Morvain étaient sombres, très sombres. Il se remémorait les événements qui s'étaient déroulé lors de son adolescence, loin de la ville, certes, mais dont les rumeurs avaient atteint le bourg jusqu'alors tranquille d'Eleven Snake. L'attaque-surprise de Gathol, qui avait amorcé la funeste Bataille des Quatre Vallées, avait réussi grâce à d'ignobles actes de sabotage. L'un d'eux avait consisté à empoisonner l'affluent du fleuve Weane qui irriguait la ville. Toute la garnison avait été malade, et incapable de se défendre face aux assauts de l'armée de Pignoval, lequel gagna ainsi sa première victoire.

En son for intérieur, Morvain craignait que l'histoire fût en train de se répéter.


-GROIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIK-

Incapable de se défaire de cette pensée, il affermit sa prise sur la hampe de sa hallebarde et chercha à rejoindre Gaudred.


---


Morvain - Gaudred ? Gaudred ! Gauuuudreeeeed !!!

Un cliquetis d'armure retentit dans les fourrés, devant, sur la gauche de Morvain. Celui-ci s'approcha, la hallebarde tendue.

Gaudred était occupé à remonter ses cuissards. Il leva la tête vers Morvain, froissé dans sa pudeur.


Gaudred - Rhooo, dis, je peux pas avoir un moment d'intimité ? Retourne au pont ! On est censés le surveiller ! Et puis j'ai pas fini, ici...

Morvain poussa un soupir de soulagement... qui lui resta dans la gorge. Sa bouche s'ouvrit, sa mâchoire trembla, ses yeux s'agrandirent de stupeur.

Gaudred - Quoi ? *sourire en coin* Hé hé, tu t'attendais pas à ce que j'en aie un si gros, hein ?

Morvain recula d'un pas. Effectivement, la silhouette qui se dressait derrière Gaudred était énorme. De même que le cimeterre qu'elle tenait à la main droite.

Gaudred comprit avec un temps de retard, et se retourna, la main toujours crispée sur son ceinturon.

La lame s'abattit, tranchant le garde en deux au niveau du torse. Ses bras tronçonnés rejoignirent le reste de son corps, pêle-mêle dans les fourrés.

Morvain fit volte-face, blanc de terreur. Et se heurta à une autre silhouette, grande, elle aussi.

Et tout sourire. Avec deux canines qui dépassaient.

La main griffue que posa le monstre humanoïde sur le visage de Morvain étouffa le cri du garde. Et le démon serra. Jusqu'à ce que le crâne cédât dans un horrible craquement.


-CROÏK-
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MessageSujet: Re: La Flemme de Dranigba   La Flemme de Dranigba EmptyLun 9 Avr - 23:37

DIVINS CAILLOUX



Temple du Savoir, 19e jour d'Arisis, 1238

Le vieillard aveugle avait beau avoir une voix éraillée, il avait du coffre.

Vieillard aveugle - Suivant !

Une paysanne, corpulente, le visage jovial et rubicond, se présenta au Guichet de l'Identification. Elle tendit au vieillard un pendentif finement ouvragé, au bronze orné de gravures délicates.

Paysanne - Bien l'bonjour, eum'ssire. J'ai trouvéï ço qui traînot dins min gardin. Min homme il a gratté l'fond de l'tirouère pour savoir c'que c'étot, quoi.

Elle posa une bourse devant le vieillard, lequel, d'un geste souple qui trahissait une habitude presque millénaire, s'en empara et la glissa dans la caisse. Il posa ensuite ses deux mains sur le pendentif, et se concentra.

Vieillard aveugle - Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm... Abracadabra ! Wazaaaa !!!

-puf-

...

Paysanne - Alors ? Kèksé qu'c'te truc ?

Vieillard - Il s'agit... de l'Amulette Sanctuaire Du Paladin Sacré Version Collector ! Une amulette aux pouvoirs extraordinaires, datant des temps pré-rolandiens ! Lorsque vous la portez au cou, elle vous octroie 200 points de défense en plus, et s'ajoute au bonus du bouclier et de l'armure ! Bravo !

Paysanne - Qu'est-c'vous voulez qu'min homme y fasse eud' ço ?

Vieillard aveugle - C'est pas mes oignons. Suivant !

La paysanne laissa la place à un guerrier au torse musculeux, affublé de fausses moustaches, sans doute pour paraître plus âgé. Il prit la parole, avec un fort accent hessémesse.

Guerrier aux fausses moustaches - lu cé pr identif

Il tendit au vieillard une racine en bois mort à laquelle était accrochée une étiquette "Attention - Objet Magique - À manipuler avec précaution"

Vieillard aveugle - 100 po, messire.

Guerrier aux fausses moustaches - t1 *donne ses pièces*

Vieillard aveugle - Alors... Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm... Houba ! Houba !

-puf-

Guerrier aux fausses moustaches - alor vite c koi

Vieillard aveugle - Il s'agit... du Sceptre Des Démons Infernaux Du Septième Cercle ! Cette baguette vous permet d'invoquer un Chupon ! Il lui reste 27 charges ! Mais attention : vous avez besoin de 50 points de Magie.

Guerrier aux fausses moustaches - put1 sa soule

Vieillard aveugle - Suivant !

Un jeune guerrier, le visage couturé de cicatrices, déposa une lunette de WC sur le comptoir.

Vieillard aveugle - *palpe l'objet* Voilà qui n'est pas ordinaire... Mais bon, j'en ai vu d'autres. Même tarif, 100 po pour l'identification.

Jeune guerrier - *sort sa bourse* J'espère que ça les vaut, parce que je me suis bien tapé la honte à trimballer ce truc à travers Sarosa...

Vieillard aveugle - Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm... Na Ala ! Ar L'yé ! Shub-Niggurath !

-puf-

Jeune guerrier - Alors, c'est quoi, mec ?

Vieillard aveugle - Il s'agit de... La Lunette Bénie Du Mangeur De Pruneaux ! +5 en transit intestinal ! Félicitations, au suivant !

Cette fois-ci, ce fut une jeune femme en cotte de mailles qui se présenta. Elle tenait à la main une vieille épée rouillée.

Femme en cotte de mailles - J'ai trouvé ça dans l'estomac d'un dragon...

Vieillard aveugle - Je vois. Enfin, façon de parler. Mais, désolé, c'est une vieille épée rouillée.

Femme en cotte de mailles - Quoi ? Mais alors... La récompense ? Je l'ai comment, moi la récompense ? J'exige une récompense ! C'est dégueulasse ! Un boss sans récompense ! C'est une honte ! Un scandale ! Une entorse aux traditions !

Vieillard aveugle - Sécurité !!!!

Deux malabars en armure empoignèrent sans ménagement l'aventurière frustrée, et la poussèrent vers la sortie du temple. Blacksword la suivit des yeux, tout en prenant sa respiration : c'était son tour.

Vieillard aveugle - Qu'est-ce que vous avez à faire identifier ?

Blacksword - Cette perle, que j'ai trouvée au fond d'un lac.

Vieillard aveugle - 100 pièces d'or.

Blacksword - Voilà.

Vieillard aveugle - Bon... *se concentre* Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm... Toucouocouémifili !

-puf-

Blacksword - Alors ?

Vieillard aveugle - Il s'agit de... Dites-moi, quelle heure il est, là ?

Blacksword - Euh... Il doit être cinq heures...

Vieillard aveugle - Ah ! Ben, désolé, fin de service.

Blacksword - Hein ? Mais j'ai payé !

Vieillard aveugle - *soupire* Hé bien, revenez demain...

Blacksword plongea la main vers l'intérieur du guichet et empoigna fermement le col du préposé à l'identification.

Blacksword - Dis-moi ce que c'est, et maintenant ! Feignasse de fonctionnaire !

Le vieillard tourna la tête vers la sortie, où les deux membres du service de sécurité se débattaient en compagnie de la femme en cotte de mailles. Puis, il se rappela qu'il était aveugle et revint à Blacksword.

Vieillard aveugle - Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Je ne suis qu'un vieillard aveugle !

Blacksword lâcha le préposé, lequel réajusta sa robe comme si sa vie en dépendait.

Vieillard aveugle - Ces chevaliers... Aucun respect pour ceux qui exercent un métier honnête. Votre objet est chargé d'un pouvoir divin, et pas des moindres : celui de Dranigba. Dieu du Repos et de la Paresse. Le dieu de Vesperae dont les adeptes sont les plus nombreux.
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MessageSujet: Re: La Flemme de Dranigba   La Flemme de Dranigba EmptyDim 15 Avr - 22:17

FINE STRATÉGIE



Fortin des Derniers Chevaliers, dans les collines à l'ouest d'Argelas


Le fortin était plein à craquer de chevaliers. Les forges, établies à la hâte, grondaient et résonnaient de coups de marteau. De nombreux guetteurs et archers patrouillaient sur les chemins de ronde. Autour du bâtiment de bois, les pages et les écuyers s'entraînaient. Les troupes en manœuvres garnissaient les collines alentour. Et, dans la salle commune, l'air était rempli des petites bubulles de boisson pourpre.

Les chevaliers au grand complet s'étaient rassemblés en vue de la bataille qui se préparait. D'ordinaire, ils menaient des existences bien solitaires, dispersés aux quatre coins de Vesperae, à accomplir d'interminables quêtes au cœur de donjons enfouis, à mener leurs croisades personnelles contre les monstres, lesquels ne demandaient que ça de toute façon.

Mais le temps consacré à toutes ces activités avait fini par émousser l'esprit de guilde, pourtant réputée "conviviale" jusqu'à un temps pas si lointain. Hélas, lorsque l'ambition personnelle supplante la vocation d'entraide qui faisait autrefois la fierté des Derniers Chevaliers, les relations humaines en souffrent.

Pourtant, les chevaliers avaient répondu en masse à l'appel lancé par les chefs de la guilde - depuis que le général Lefab avait contracté cette étrange maladie qu'on appelait communément "Purge des Trois Mois", la guilde avait été prise en main par la sorcière Birdy et la magicienne Polgara, assistées d'une poignée de fidèles "lieutenants". Quelle était donc leur motivation ? Ressusciter l'esprit de camaraderie qui avait fait les beaux jours des Derniers Chevaliers ? Participer à une bataille pleine de bruit et de fureur afin de rompre avec la monotonie des donjons ? Protéger les biens de la guilde pour l'empêcher de chuter dans le classement or ?

Quoi qu'il en fût, une telle mobilisation était belle à voir. Il est vrai que les membres de l'état-major de la guilde n'y allaient pas avec le plat de l'épée : Gorn écrivait missive sur missive et les envoyait à tous les alliés ; Blacksword étudiait la Gemme de Dranigba afin de déterminer si elle ne recelait pas quelque pouvoir utile ; les autres lieutenants prenaient en charge l'entraînement des troupes ; Birdy avait même ouvert son décolleté afin de ramener d'anciens chevaliers légendaires qui entretemps avaient quitté la guilde.

Mais lorsque les espions et les éclaireurs revinrent au fortin avec de nombreux renseignements sur les Taïka, la panique se propagea comme une traînée de poudre. Et l'enthousiasme céda à la morosité.

Les Taïka étaient l'une des guildes les plus puissantes de Vesperae, et les démons qui la composaient réputés invincibles.

Les lieutenants durent déployer des trésors d'optimisme afin de garder un semblant de moral au sein des troupes. Et, contre toute attente, ils y parvinrent. Les rumeurs de bon augure s'échangeaient entre les chevaliers : des alliés viendraient à la bataille, une aide inattendue renforcerait les rangs ; on racontait même que d'anciens chevaliers de haut rang, piliers de la guilde, reviendraient pour l'occasion : Lloyld et sa bonne humeur, Mogzero et son vocabulaire limité aux insultes, l'ombrageux Brisco ; le bruit courait même que le légendaire Robig XIII serait de la partie.

Alors, les chevaliers reprirent courage.

Contre les Taika, la force était inutile, et les chefs le savaient. Il fallait utiliser la ruse. Les quelques jours qui les séparaient de la bataille s'avérèrent riches en discussions stratégiques. Et une fois les plans mis en place, il fallait agir.

Des pages et des écuyers, temporairement nommés "sapeurs", s'engagèrent en catimini dans la forêt au nord du Palais afin d'ériger les défenses. Les plus expérimentés des chevaliers partirent au loin, à la recherche d'orbes et de projectiles. Les lieutenants allèrent rassembler les alliés, à l'exception de Gorn, qui, à l'arrière dans le fortin, apportait la touche finale au plan. Ce faisant, accomplissait un vieux rêve d'enfant... Sa vocation de chevalier, il l'avait eue en étant ébloui par les armures lustrées des officiers de l'Armée*Royale, alors qu'il était encore un petit garçon de Sarosa.

Après moults discussions, il avait été décidé que l'aspect tactique de l'affrontement serait régi par une femme de caractère, chevalier légendaire de son état, et répondant au terrible nom de guerre de Petit Colibri. Et, pour dissimuler leur officier aux yeux des Taïka, durant la bataille, il leur fallait un uniforme. Gorn, alors, avait suggéré des armures de plates rutilantes.

Il en avait conçu lui-même les pièces - il avait été apprenti forgeron dans sa jeunesse, rappelons-le -, et maintenant, il en supervisait la fabrication en série, avec l'aide de forgerons recrutés pour l'occasion. Il s'était, en outre, porté volontaire pour tester ces armures en situation de combat.

Ça tombait bien, il lui fallait passer level 42 avant la bataille.
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MessageSujet: Taïka, caca   La Flemme de Dranigba EmptyMer 25 Avr - 20:29

TAIKA, CACA



Forêt Nord Palais, 24e jour de Mortis, 1238

Vina étendait son chaud manteau sur les étendues vesperaennes encore parsemées de taches blanches. Les hauts arbres scintillaient, tandis que les bourgeons semblaient s'enflammer au contact de la caresse du soleil couchant. Cette clôture du jour, cette ouverture de la nuit, moment fugace et intemporel d'ordinaire tout empreint de poésie, était cette fois-ci troublé : l'air était lourd, l'atmosphère tendue. La nature semblait retenir son souffle.

Tout comme la centaine de boîtes de conserve agglutinées au fond de la clairière.

Les Derniers Chevaliers, tout engoncés dans leurs armures de plates, ressemblaient à une mer de ferraille mouvante sur laquelle soufflerait une brise annonçant la tempête. En ordre parfait (ou presque), ils trépignaient, tremblaient, ou attendaient, selon le cas.

Gorn, en tant qu'officier en second, regardait tout ce beau monde avec fierté. Qui eût cru qu'en à peine un an et demi de chevalerie, il rassemblerait et mènerait une telle armée à la bataille ? Certainement pas lui, en tout cas. Et certainement pas son père, qui lui avait formellement interdit, jusqu'à son lit de mort, de se compromettre dans les métiers des armes. Gorn lui avait alors promis de suivre ses traces de paisible artisan, et, dans un premier temps, il avait éprouvé quelque remords à avoir brisé cette promesse. Mais maintenant ! Si le poids de son armure ne l'en empêchait, il bomberait le torse avec fierté, et s'il avait appris à monter à cheval, il se pavanerait avec panache devant ses troupes.

Hélas, quelques traits hésitants brisaient l'harmonie de ce tableau glorieux.

Tout d'abord, parlons-en, des chevaux. Les membres de la guilde se disaient "chevaliers", et pourtant aucun cheval n'était visible. L'infanterie occupait les premiers rangs, et l'orberie se tenait derrière, prête à lancer ses projectiles inflammables sur l'adversaire. Gorn regrettait qu'il n'y eût aucune cavalerie pour protéger les flancs. Non seulement cela aurait apporté un avantage tactique indéniable, mais en outre il fallait bien avouer que des cavaliers, ça en jetait grave dans une bataille.

Ensuite, l'armure jaune. Gorn possédait en effet une armure de cuir jaune dont le contact semblait fortement contrarier les démons - certains même s'en étaient trouvé réduits en cendres. Hélas, il avait perdu cet artefact peu de temps auparavant, il lui avait été volé dans son sommeil par une grenouille et un gamin.

Enfin, l'inexpérience des troupes. Les Derniers Chevaliers étaient nombreux, certes, mais ils n'étaient guère expérimentés, pour la plupart. Leurs rangs comptaient en effet de nombreux aventuriers tout juste sortis de la caserne de Sarosa, et beaucoup d'autres, à commencer par Gorn, étaient de notoires feignasses de l'XP. Qui plus est, les combats en arène, à l'air libre ou en pogo n'avaient jamais été la chope de boisson pourpre des chevaliers.

En revanche, leurs ennemis, les démons du clan Taïka, possédaient tous une carte d'abonnement à l'arène Hunter.

Les sentiments restaient très mitigés, à l'approche de cette bataille, stress et appréhension recouvraient les cœurs. La générale en chef, Petit Colibri, était allée plusieurs fois aux toilettes depuis le départ en grandes pompes du fortin situé à l'ouest d'Argelas. Et, dans les rangs, on murmurait, on tremblait, on suait à grosses gouttes, on écrivait son testament.

Pourtant, Gorn restait optimiste. Tout avait été mis en œuvre pour contrer les Taïka. De nombreux alliés étaient venus prêter main-forte aux chevaliers : il y avait là Peter le Magnifique de l'ancienne Megid, Argahnor et Wayne des Legend, Lafuine et Owän les lycans d'Althinas, Zack Xorex le mercenaire,… Tout ce beau monde était renforcé de plusieurs PKs, anti-PKs et autres boulets qui passaient dans le coin et avaient succombé au prestige de l'uniforme, même si celui-ci pesait plus de trente kilos.

Les pages et les écuyers avaient chacun une abondante réserve d'orbes, qu'ils étaient prêts à lancer sur les démons. Les orbistes étaient protégés par l'infanterie, qui elle-même se retrouvait divisée en trois sections - la section d'assaut, constituée des "chevaliers légendaires", la garde de Petit Colibri, composée des lieutenants et d'une poignée de seigneurs chevaliers, et la force de réserve, qui avait la lourde tâche de s'adapter à l'évolution de la bataille.

Rien n'avait été laissé au hasard. On savait que les démons attaqueraient de l'ouest. Damp et Zangdar avaient eu pour mission d'accrocher des barils de boisson pourpre sur les branches basses des arbres, afin d'attirer les démons dans la direction souhaitée. Une fois les Taïka arrivés à l'orée des arbres, l'étau se refermerait sur eux. Plusieurs lignes de tranchées avaient été creusées, remplies de poix liquide et rebouchées à l'aide de feuilles mortes - au contact des orbes, toute la plaine s'embraserait, plongeant la clairière dans un chaos du plus bel effet. Plusieurs pièges à piques avaient été érigés, principalement sur les flancs, afin d'empêcher les démons d'opérer la moindre manœuvre de contournement. Deux catapultes avaient été bâties : elles étaient destinées à projeter des barils d'eau bénite. L'état-major de la guilde n'avait pas regardé à la dépense : l'eau avait été bénie par les prêtres de tout le panthéon (seuls les servants de Demonio avaient refusé, mais c'est bien connu, ils ne font jamais comme les autres). Enfin, après d'âpres discussions, il avait été décidé d'un cri de guerre commun, afin de plonger les démons dans le désarroi.

On le voyait, la victoire était assurée. Gorn s'était inspiré des histoires de chevalerie qui l'avaient fait rêver lors de son enfance, et le reste n'était que formalité.

Le lieutenant se retourna, releva sa visière
(-crouic-), et se racla la gorge. Il prononça son discours, étape indispensable à toute bataille épique, puisqu'elle était destinée à galvaniser les troupes et à révéler, aux soldats qui ne le savaient pas, contre qui ils allaient se battre (et accessoirement pourquoi, mais les chevaliers n'étaient pas du genre à s'embarrasser de ces détails).

Gorn Valim - Chevaliers !

Les murmures et les bruits de ferraille s'estompèrent. Les regards se dirigèrent vers le lieutenant. L'attention se concentra sur lui. Tous écoutaient.

Gorn Valim - Chevaliers, disais-je avant de me faire interrompre par une prose qui commence à devenir lourdingue !
Eleven Snake a été insidieusement envahie par des démons et autres créatures malfaisantes !
Ces démons sont connus pour leur férocité, leur puissance, leur sauvagerie… Ils ne feront pas de prisonniers.
Entre eux et les places fortes du monde libre, il n'y a que nous, les Derniers Chevaliers. Nous sommes moins puissants, mais nous sommes plus nombreux. Les démons sont forts, très forts, mais nous vaincrons, grâce à notre ruse, notre intelligence, notre cohésion ! Montrons à ces démons arrogants que la force et l'expérience ne font pas tout !
Des alliés sont venus nous épauler pour la bataille. Des chevaliers de légende sont venus de très loin pour ressusciter l'esprit de guilde. Des amis de longue date, que nous avions perdus de vue, sont venus nous prêter main-forte.
Ensemble, nous vaincrons ! Nous rejetterons les démons dans les limbes qui les ont crachées ! Nous leur ferons rentrer les canines proéminentes au fond de la gorge ! D'un coup de soleret dans leur fondement, nous les repousserons jusque dans la mer !
Ensemble ! Avec moi !
Taïka, caca !

Seuls, quelques timides grincements de ferraille lui répondirent. Les chevaliers s'entre-regardaient, perplexes, essayant de reconstruire un discours cohérent à partir des bribes qu'ils avaient saisies au vol. Un heaume fermé, c'est bien joli, mais ça a ses inconvénients.

Un cavalier arriva alors sur ces entrefaîtes, chevauchant à bride abattue depuis l'est. Il grimpa sur une éminence et arrêta sa monture nerveuse. Celle-ci semblait terrorisée, à l'instar du messager, qui, faisant fi du protocole militaire, hurla à la cantonade :


Messager - Les Taïka ! Ils nous attendent ! Ils sont derrière nos lignes !

Gorn Valim - Hein ?

Aussitôt, l'armée s'ébroua. Impatients d'en finir avec ces salamalecs et d'en découdre, enfin - plusieurs d'entre eux ne savaient utiliser leur clavier que pour sa touche S -, les chevaliers s'élancèrent, pêle-mêle, dans un désordre indescriptible, vers l'est, vers le chemin qu'avait indiqué le messager.

Ce fut une pagaille sans nom.


Gorn Valim - Arrêtez ! Mais arrêtez ! En rang, crénom d'un blob ! L'infanterie devant l'orberie ! Mais non, pas comme ça ! Attendez ! Les catapultes, n'abandonnez pas les catapultes ! Des volontaires pour transporter l'eau bénite ! Stop ! Du sang-froid, de l'organisation !

Mais les chevaliers s'éparpillèrent, et la voix de la plupart d'entre eux portait bien plus loin que celle de Gorn.

- En avant !

- A l'assaut !

- Yeeha !

- Yahii !

- Etripons-les !

- GG perf one shot !

- On va les roxxer !

- Oué !

- Youpiii !

L'enthousiasme des troupes dépassait les attentes - un peu trop, même, semblait-il. Découragé, Gorn se tourna vers la générale, qui était occupée à vérifier que le heaume n'abîmait pas son brushing, tout en poursuivant une dizaine de conversations télépathiques en /msg et par le biais de son cristal hemessène.

Gorn Valim - Ben dis quelque chose, quoi, t'es la générale, scrogneugneu !

Petit*Colibri - Hein ? C'est moi la générale ? Mais je savais pas !

[i]Gorn ouvrit grand ses yeux. Cependant, l'heure n'était plus aux discussions, mais à l'action. Il rabattit la visière de son heaume et s'élança à la poursuite des chevaliers, suivi de Petit Colibri et sa garde personnelle (composée de ses innombrables soupirants).

Tout en courant avec les autres dans les fougères - le bruit de ferraille était abominable -, Gorn sentit ses vieilles angoisses remonter. Et si les Taïka étaient réellement invincibles ? Et si le temps perdu à élaborer ces stratégies qui venaient de tomber à l'eau s'avérait lourd de conséquences ? Et si les démons étaient invulnérables au feu des orbes ?

Lorsqu'il aperçut enfin les Taïka, son cœur se serra.

C'était pire que ce qu'il avait imaginé.
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Gorn Valim




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MessageSujet: Taïka, caca   La Flemme de Dranigba EmptyMer 25 Avr - 20:29

Les dix vestales toutes de blanc vêtues qui attendaient paisiblement dans la clairière ne présageaient en effet rien de bon. Gorn avait une expérience suffisante (42, oui, il avait réussi à level upper juste avant la bataille) pour savoir que les apparences étaient trompeuses. Et il était inconcevable que les Taïka tant redoutés ne fussent que d'innocentes prêtresses.

En revanche, certains chevaliers se réjouirent. La présence de ces femmes au port altier leur inspirait plus de vigueur dans leur course. Derrière la visière de leur heaume, nombre d'entre eux souriaient, qui devant l'apparente fragilité de ces proies faciles, qui devant la possibilité opportune d'assouvir des instincts mis à mal par une tripotée de demandes en mariage refusées - des "charrues", dans le jargon chevaleresque.

Bien entendu, ils durent déchanter bien vite. L'air confiant et tranquille qu'affichaient les vestales aurait dû leur mettre le blob au lobe. Mais, impatients de combattre, et galvanisés par leur adrénaline, leur testostérone ou leur propension à suivre le mouvement sans se poser de question, ils noyèrent la poignée de prêtresse sous une vague métallique.

Il sembla un instant que la victoire était acquise. Gorn, quand il parvint à la clairière, tout essoufflé, partagea pendant un court moment l'enthousiasme des chevaliers.

Mais lorsque les premières boîtes de conserve se mirent à pleuvoir autour de lui, il déchanta bien vite.

Au cœur de la mêlée, les démons Taïka, qui avaient pris l'apparence de blanches femmes innocentes, avaient dégainé de longues épées à bout recourbé, et s'étaient mis à faucher les chevaliers avec autant d'aisance et de désinvolture que s'il s'agissait d'épis de blé. Un simple coup de leur arme envoyait une paire d'armures de plates dans le décor.

Gorn était dépassé.[/i]

Nightstar - Les orbes ! Les orbes ! Faites pleuvoir les orbes !

Damp - Regroupez-vous !

Lafuine - Dispersez-vous !

Zangdar - Attaquez par la gauche !

Grigore - Par la droite ! Par la droite !

Troll - Schlag-vuck.

Eliot - Je laaagge !!!

Nymphea - Pas de quartier !

Petit*Colibri - Potferdeck !

Les chevaliers d'élite, qui s'étaient retrouvés à l'arrière, à cause du demi-tour qu'avait dû opérer l'armée, s'engagèrent alors dans la bataille, et luttèrent pied à pied contre les démons. L'une des "vestales" fut même broyée par le troll de Grigore, lequel semblait bien s'amuser.

Alors, les Taïka s'énervèrent.

Ils se rassemblèrent dans un coin de la clairière, et redoublèrent d'ardeur. Les furieux coups de taille se succédaient les uns après les autres, toujours plus vifs, toujours plus précis, toujours plus puissants. Les chevaliers étaient littéralement hachés menus. Des bouts de ferraille ensanglantés s'amoncelaient autour des prêtresses. Et celles-ci restaient peu sensibles aux orbes que s'efforçaient de leur lancer les écuyers, et qui ne parvenaient qu'à les chatouiller.

Les bruits d'armures broyées emplissaient l'air, déjà envahi par la fumée que dégageaient les boules de feu. Les chevaliers tombaient, souvent en plusieurs morceaux. Des ordres contradictoires résonnaient, certains appelaient à la retraite, d'autres criaient victoire. Des odeurs de sueur, de sang et de mort se mêlaient et ajoutaient à la confusion.

Gorn tentait de suivre l'évolution de la bataille et, ce faisant, s'efforçait d'étouffer la sourde émotion qui montait en lui. Il avait envie de s'arrêter, de retirer son heaume et de vomir, vider son corps de ses substances, se laisser aller, s'effondrer afin de faire taire ce que son esprit lui murmurait. C'était lui, le responsable de ce désastre. C'était lui qui avait insisté, particulièrement auprès des jeunes recrues, sur le caractère indispensable de la présence de tous les chevaliers. C'était lui qui avait mené tout ce beau monde se faire trucider par une poignée de démons invincibles.

Il sentait la sueur couler le long de son cou. Il sentait sa propre odeur qui l'envahissait et le dégoûtait. Il sentait ses poumons se contracter et se dilater de plus en plus vite, incapables de pomper l'air rance prisonnier de son armure.

Il n'y tint plus et arracha son heaume.

Comme pour enfoncer le clou, il s'aperçut alors que son armure était toute ensanglantée. C'était le sang de ses compagnons, morts parce qu'il les avait envoyés se faire massacrer "pour le bien de la guilde". C'était le sang de ses alliés, à qui il avait promis une reconnaissance éternelle en échange d'une victoire qui semblait acquise. C'était son propre sang, car une plaie était ouverte à sa hanche. Le fluide vital semblait sourdre des jointures de son armure, alors qu'il coulait le long de sa jambe.

La nuit était tombée, et le chaos s'intensifiait. Les orbes qui explosaient encore projetaient d'aveuglants éclairs sur les combattants. Les démons, dont la robe immaculée avait pris une teinte rouge sang, se confondaient, dans la mêlée, avec les chevaliers survivants qui les combattaient encore, malgré leurs innombrables et sanglantes blessures.

Alors, une trompette retentit, et des cris de joie jaillirent des sous-bois, au sud. Gorn s'effondra sur un genou, et tout se brouilla autour de lui. Il devina plus qu'il ne vit une escouade de guerriers qui brandissaient leurs armes, riant aux éclats, s'élançant sus aux démons. À leur tête, Gorn reconnut FouSanguinaire.

Les Quincy avaient finalement décidé de rejoindre la bataille et d'épauler les Derniers Chevaliers.

Les ténèbres s'emparèrent alors de Gorn. Ses dernières pensées furent dirigées vers son épée Valor, qu'il n'avait même pas eu le temps de tirer.


---

Les Derniers Chevaliers, finalement, se retirèrent avec leurs alliés. Les Taïka firent de même, emmenant leurs morts et leurs blessés. Ils étaient victorieux, mais la résistance qu'ils avaient eu à briser s'était avérée plus coriace que prévu, et il leur fallait regarnir leurs rangs avant la contre-attaque des chevaliers et de leurs alliés.

Contre-attaque qui ne saurait tarder.


---

Forêt Nord Palais, 25e jour de Mortis, 1238

Le soleil se lève sur le champ de bataille. Les charognards ont déjà commencé leur festin, et les chevaliers survivants s'efforcent de les chasser à l'aide de grands moulinets fatigués qui manquaient de conviction. Les morts sont rassemblés, y compris ceux qu'il ne leur est plus possible d'identifier. Les blessés, nombreux, sont soignés par toute une troupe de guérisseurs dirigés par la Magicienne de la guilde, Dame*Polgara. Celle-ci découvre alors son époux, immobile dans la boue imbibée de sang séché. Elle s'agenouille, et une larme coule le long de son visage à l'expression indéchiffrable. Le chagrin ne s'étouffe pas au bout de trois millénaires d'existence ; et Gorn n'est certes pas le premier mari dont elle a à supporter la mort.

Dame*Polgara - Dors, petit chevalier... Que Vanilius te guide dans un au-delà plus clément.

Gorn, alors, ouvre les yeux.

Gorn Valim - Euh, non, ça va j'ai dormi toute la nuit ; j'avais rien d'autre à faire, comme j'arrive pas à me relever...

Le visage de Polgara s'éclaire d'un sourire, et son regard pétille, tandis qu'elle essuie le sang du visage de Gorn afin de lui administrer proprement un de ses "bisous" dont elle a le secret. Une ombre, alors, les recouvre. C'est Blacksword, le lieutenant chargé de s'occuper de la Gemme de Dranigba.

Blacksword - Euh, désolé, j'ai pas pu venir hier soir. Je crois que j'ai découvert le pouvoir de la Gemme. Il me semble que quiconque la détient est, hem, pris de paresse soudaine... De flemme, quoi. Sûr qu'on va faire des étincelles, avec un tel pouvoir...


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